Charlotte Kaiser, “La rue n’est pas hétérosexuelle ? Une analyse discursive des commémorations collaboratives de Queering the Map à Montréal et Berlin.”

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Résumé

Montréal et Berlin, deux métropoles cosmopolites, connues pour leur diversité. Suite à une évolution historique pareille, des réseaux queer émergeaient et émergent dans les deux métropoles : ils changent, évoluent, disparaissent et renaissent. Étant le signe d’un public alternatif, voire de communautés queer, je considère ces réseaux un aspect important afin de décrire Montréal et Berlin en tant que « queerscapes » (Ingram, Bouthillette, & Retter, 1997).

Plus particulièrement, j’analyserai les réseaux queer créés en rendus visibles en ligne sur la carte queeringthemap.com. Ce forum collaboratif, lancé en 2017 à Montréal, sert à la commémoration des divers moments queer dans le monde entier afin d’exposer l’expérience collective du queer. Dans un premier temps, suivant Henri Lefebvre (1974), je définirai la ville en tant que construction sociale qui est donc marquée de systèmes de pouvoir sociaux, dans ce cas de l’hétéronormativité, qui – par défaut – rend la rue hétérosexuelle (Schuster, 2012). Comme je le développerai dans un deuxième temps, cette hégémonie de la publicité majoritaire (Habermas, 1992) ne reste pas sans contestation; des « contre-publics » (Fraser, 1990) se forment et démontrent la diversité des habitant.e.s d’un certain territoire. Dans un troisième temps, le concept du queerscape, qui s’inscrit également dans une logique intersectionnelle, sera la base de mon analyse d’espaces queer à Montréal et à Berlin tels qu’ils sont commémorés sur Queering the Map. À travers une analyse discursive de ces commémorations, j’aborderai trois questions : où est-ce que les lieux commémorés se trouvent dans la ville ? Qui sont les potentiel.le.s auteur.e.s des commentaires ? Qu’est-ce que les auteur.e.s décrivent dans leurs commentaires ? Le but de cette analyse sera de comparer les particularités de ces cartographies subversives de Montréal et de Berlin.

Abstract
“‘Isn’t the street heterosexual?’ A discourse analysis of Queering the Map’s collaborative commemorations in Montreal and Berlin.”

Montreal and Berlin: two cosmopolitan metropolises, known for their multicultural population. Sharing a similar historical development, queer networks emerged in both cities alike. Changing, evolving, disappearing, reappearing. Signs of alternative, queer audiences and communities, I consider these networks as an important aspect that makes Montreal and Berlin “queerscapes” (Ingram, Bouthillette & Retter, 1997).

In this paper, I analyse the queer networks that the online map queeringthemap.com creates and highlights. This collaborative forum, launched in Montreal in 2017, commemorates queer moments in the world and sheds a light on the collective experience of queerness.

In a first part, drawing on Henri Lefebvre (1974), I term the city a social construct, marked by systems of power, such as heteronormativity. Therefore the street is, by default, heterosexual (Schuster, 2012). Yet, as I elaborate in a second part, the hegemony of the majority, in the public sphere (Habermas, 1992), doesn’t remain uncontested: counter-publics (Fraser, 1990) appear and demonstrate the existence of a diverse population in specific territories. In a third part, I use the concept of “queerscape” in an intersectional perspective to analyse the commemorations of Berlin and Montreal’s queer spaces, as they are displayed on Queering the Map. Through discourse analysis, I answer three questions: Where are the commemorations located in the city? Who are the authors of the comments? What do they describe? Thereby, I compare the specificities of these subversive maps of Montreal and Berlin.

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Charlotte Kaiser

Charlotte Kaiser est doctorante dans le groupe international de formation à la recherche, IRTG Diversity (Université de Trèves/Université de la Sarre/Université de Montréal). Elle a fait ses études de littératures et cultures françaises, de science politique et d’allemand comme langue étrangère à l’Université de Halle (Allemagne), où elle a obtenu sa maîtrise en juin 2019. Son mémoire de fin d’études a porté sur la visibilité reconnaissante des identités lesbiennes, incluant une analyse critique de la web-série montréalaise Féminin/Féminin (Robichaud 2014, 2018). Depuis juin 2019, dans le cadre de l’IRTG Diversity, elle continue ses études dans une thèse de doctorat transdisciplinaire abordant une conceptualisation d’agentivité queer dans le cinéma et le militantisme à Montréal et à Berlin.