Céline Berdaguer, “Homophobies et classes sociales dans En finir avec Eddy Bellegueule d’Édouard Louis et On ne choisit pas qui on aime de Marie-Clémence Bordet-Nicaise”

[Back to panel 3]

Résumé

Dans le roman autobiographique En finir avec Eddy Bellegueule d’Édouard Louis et l’autobiographie On ne choisit pas qui on aime de Marie-Clémence Bordet Nicaise, qui ont été publiés lors de la dernière décennie, l’homophobie est décrite. Les milieux sociaux jouant un rôle important dans ces deux œuvres, nous pouvons émettre l’hypothèse que l’homophobie se manifeste différemment selon le milieu social et que ces différentes manifestations de l’homophobie sont décrites dans la littérature française. En effet, dans ces deux œuvres, les manifestations homophobes ont lieu dans différents milieux sociaux. Dans En finir avec Eddy Bellegueule, c’est majoritairement dans un milieu populaire qu’a lieu la violence homophobe, alors que dans On ne choisit pas qui on aime il s’agit plutôt d’un milieu aisé et bourgeois. Quels sont les points communs et les différences dans la description des homophobies dans ces deux œuvres? L’homophobie, telle qu’elle y est représentée, se manifeste-t-elle différemment selon le milieu social? Ces questions méritent d’être étudiées afin d’aboutir à une meilleure compréhension de la description de l’homophobie dans la littérature française contemporaine tout en ayant une approche intersectionnelle.

Abstract
Homophobias and social class in Édourd Louis’ En finir avec Eddy Bellegueule (The End of Eddy) and Marie-Clémence Bordet-Nicaise On ne choisit pas qui on aime.”

Both published in the last decade, the French contemporary autobiographical novel En Finir avec Eddy Bellegueule (The End of Eddy, Édouard Louis) and the autobiography On ne choisit pas qui on aime (“You don’t chose who you love”, Marie-Clémence Bordet Nicaise) take a stand against homophobia. In both cases, social class plays a predominant role. As described in these books, I suggest that homophobia takes different shapes depending on the social milieu. In En Finir avec Eddy Bellegueule, homophobia mostly manifests itself within popular spaces, while in On ne choisit pas qui on aime, homophobia is the product of the bourgeoisie and the upper-class. In which ways is intersectionality, and more specifically the entanglement of sexuality and social class, represented in these books? How do these two depictions of homophobia alternatively converge and diverge? Answering these questions could benefit to a better understanding of the representations of homophobia in contemporary French literature.


_____

Introduction

Dans l’autobiographie On ne choisit pas qui on aime et le roman autobiographique En finir avec Eddy Bellegueule, l’homophobie joue un rôle important et se manifeste de différentes manières. Comment y sont représentées les différentes formes d’homophobie ? L’homophobie, telle qu’elle y est représentée, se manifeste-t-elle différemment selon le milieu social ? Pour répondre à ces questions, nous verrons d’abord comment sont représentées les différentes formes d’homophobie dans En finir avec Eddy Bellegueule et comment le rapport entre la classe sociale et l’homophobie y est représenté et quels problèmes cela pose. Puis, nous nous pencherons sur la description de l’homophobie et sur le rapport entre la classe sociale et l’homophobie dans l’autobiographie On ne choisit pas qui on aime. Une troisième partie sera consacrée à la comparaison de la description des différentes formes d’homophobie et du rapport entre l’homophobie et la classe sociale dans En finir avec Eddy Bellegueule et On ne choisit pas qui on aime.

Homophobies et classes sociales dans En finir avec Eddy Bellegueule

En finir avec Eddy Bellegueule est la description du parcours douloureux d’acceptation de son homosexualité par Édouard Louis qui dans le roman autobiographique est désigné par son nom de l’époque qui était Eddy Bellegueule1. En effet, les violences homophobes que subit Eddy Bellegueule sont des violences physiques et psychologiques comme le montre la scène suivante :

Ils m’ont d’abord bousculé du bout des doigts, sans trop de brutalité, toujours en riant, toujours le crachat sur mon visage, puis de plus en plus fort, jusqu’à claquer la tête contre le mur du couloir. Je ne disais rien. L’un m’a saisi les bras pendant que l’autre me mettait des coups de pied, de moins en moins souriant, de plus en plus sérieux dans son rôle, son visage exprimant de plus en plus de concentration, de colère, de haine. Je me souviens : les coups dans le ventre, la douleur provoquée par le choc entre ma tête et le mur de briques. C’est un élément auquel on ne pense pas, la douleur, le corps souffrant tout à coup, blessé, meurtri. On pense – devant ce type de scène, je veux dire : avec un regard extérieur – à l’humiliation, à l’incompréhension, à la peur, mais on ne pense pas à la douleur.2

Cette scène montre l’extrême violence des attaques homophobes dont le narrateur est victime. À la violence physique s’ajoute la violence verbale de l’insulte comme nous pouvons le voir par la phrase « C’est toi le pédé ? »3 prononcée par d’autres collégiens. Les insultes sont selon Borrillo et Mecary « des traumatismes qui s’inscrivent dans la mémoire et dans le corps »4. Les répercussions psychologiques durables de l’insulte sont visibles en particulier par la phrase « En la prononçant ils l’avaient inscrite en moi pour toujours tel un stigmate, ces marques que les Grecs gravaient au fer rouge ou au couteau sur le corps des individus déviants, dangereux pour la communauté. »5 et plus loin par « En rentrant chez moi je pleurais, déchiré entre le désir qu’avaient fait naître en moi les garçons et le dégoût de moi-même, de mon corps désirant. »6.

Ce ne sont pas seulement les autres collégiens, mais également les parents d’Eddy qui ont une attitude homophobe. Contrairement à la façon directe dont le père se montre homophobe en ayant un discours homophobe7 et en allant jusqu’à donner une gifle à Eddy lorsqu’il apprend qu’il a eu des rapports sexuels avec son cousin8, l’homophobie de la mère se manifeste de manière plus subtile. Son silence n’est pas une façon de protéger son fils, mais une manière d’être dans le déni, elle préfère ne même pas s’imaginer la possibilité de l’homosexualité de son fils.9 L’homophobie de sa famille provoque une ouverture vers l’extérieur, les valeurs de sa famille ne sont plus celles auxquelles il s’identifie : « Le fait d’aimer les garçons transformait l’ensemble de mon rapport au monde, me poussait à m’identifier à des valeurs qui n’étaient pas celles de ma famille. »10 C’est la non-conformité du narrateur avec les stéréotypes de genres qui suscite non seulement de l’incompréhension, mais également une attitude hostile des parents et de son frère ainsi que l’hostilité de ses camarades.11 La stratégie d’Eddy de réponse à son entourage est le déni : « Je ne pouvais pas accepter Mais moi j’ai pas envie de voir vos bites, je ne suis pas un sale pédé. »12 La phrase « Je me tenais à l’écart de tout ce qui se rapprochait plus ou moins de l’homosexualité. »13 montre qu’Eddy déploie toute son énergie à essayer de prouver son hétérosexualité, ce qu’il fait également en affirmant « toujours plus [s]a haine des homosexuels pour mettre à distance les soupçons. » et en allant jusqu’à tenir lui-même des propos homophobes14 en insultant lui-même un de ses camarades avec l’injure « Ferme ta gueule pédale. »15

Eddy Bellegueule préfère endurer les violences homophobes plutôt que de laisser les autres avoir connaissance de son homosexualité. Il ne dénonce pas l’homophobie dont il est victime16 et va même jusqu’à avoir lui-même une attitude homophobe pour que l’on ne le soupçonne pas d’être lui-même homosexuel.17 Les violences subies sont tellement importantes que le narrateur préfère renier son homosexualité plutôt que de voir son frère subir le même parcours que lui18 comme le montre la phrase « je lui répétais sans arrêt que les garçons aimaient les filles, parfois même que l’homosexualité était quelque chose de dégoûtant, de carrément dégueulasse, qui pouvait mener à la damnation, à l’enfer ou à la maladie ».19 On remarque l’absurdité de sa démarche, engagée certainement également en raison de son homophobie intériorisée. En effet, l’auteur perçoit son homosexualité comme une maladie et emploie le terme « guéri »20 lorsqu’il pense ressentir du désir pour une fille.

Les personnes représentées dans En finir avec Eddy Bellegueule vivent en grande partie dans la pauvreté. Il s’agit d’un milieu ouvrier dans un village et l’homophobie y est omniprésente comme le montre par exemple le tag « A more les salle pédé »21 de l’arrêt de bus.

Le bar du village est décrit comme un endroit qui libère la parole homophobe22 et l’homophobie se manifeste dans les interactions sociales quotidiennes. En effet, les femmes doivent avoir des enfants pour ne pas être soupçonnées d’être lesbiennes23 et des phrases comme « L’autre elle a toujours pas fait de gosses à son âge, c’est qu’elle est pas normale. Ça doit être une gouinasse. Ou une frigide, une mal-baisée. »24 sont prononcées par les mères qui vont chercher leurs enfants à l’école. Il s’agit de la lesbophobie, une forme d’« homophobie spécifique »25 selon Borrillo et Mecary qui se caractérise par la double discrimination des lesbiennes en tant que femmes et en tant qu’homosexuelles26. Borrillo et Mecary décrivent que le refus de la maternité est sanctionné socialement en raison du sexisme présent dans la société.27 C’est justement ce refus de la maternité qui provoque le fait que ces femmes qualifient certaines femmes de lesbiennes en utilisant des termes péjoratifs.

Le passage suivant dans lequel le père d’Eddy est décrit en train de regarder la télévision avec ses amis montre que l’homophobie est socialement acceptée. Le père se moque d’une personne présumée homosexuelle qui est montrée à la télévision ce qui provoque l’hilarité générale :

Il les faisait beaucoup rire – toujours les rires – à chacune de ses prises de parole Ah ! Celui-là il fait du vélo sans selle. J’aimerais pas ramasser la savonnette à côté de lui. Lui, pédé ? Plutôt se faire enculer. L’humour qui à certains moments cédait la place au dégoût Faut les pendre ces sales pédés, ou leur enfoncer une barre de fer dans le cul.28

Le déterminisme social est décrit dans En finir avec Eddy Bellegueule lorsqu’il est question de la vie de sa mère :

Elle ne comprenait pas que sa trajectoire, ce qu’elle appelait ses erreurs, entrait au contraire dans un ensemble de mécanismes parfaitement logiques, presque réglés d’avance, implacables. Elle ne se rendait pas compte que sa famille, ses parents, ses frères, sœurs, ses enfants même, et la quasi-totalité des habitants du village, avaient connu les mêmes problèmes, que ce qu’elle appelait donc des erreurs n’étaient en réalité que la plus parfaite expression du déroulement normal des choses.29

Les possibilités de la mère sont donc présentées comme étant déterminées par son origine sociale tout comme celles des autres villageois. Tout comme la violence, l’homophobie est présentée comme étant l’un des fruits de ce déterminisme social.

Nous pouvons constater que comme le décrit Mauger :

La description qu’il livre de son univers d’origine est, en effet, quasi uniment celle de violences physiques et verbales, empreintes de virilisme, d’homophobie, de racisme et d’alcoolisme, de saleté, de bêtise, de misère (matérielle et intellectuelle), sous-tendue par le dégoût (visuel, olfactif, gustatif, tactile, auditif) que semblent lui inspirer désormais les personnages, les objets, les lieux, etc., de son enfance. […] [O]utre le risque de créditer implicitement les « classes populaires » des propriétés des « sous-prolétaires », la rupture (souhaitable) avec le populisme a tôt fait de basculer dans le « misérabilisme », sinon dans le « racisme de classe » : en particulier dans une conjoncture de « prolophobie » distinguée, convaincue que « les ouvriers votent aujourd’hui FN ».30

La représentation de la classe sociale dont est issu Eddy Bellegueule peut en effet paraître problématique. Cependant, Mauger donne les explications suivantes :

Si Édouard Louis peut néanmoins récuser tout « racisme de classe », c’est à la fois parce qu’il attribue ce que sa mère décrit comme des « erreurs » à des « mécanisme parfaitement logiques, presque réglés d’avance, implacables » (p. 69-70), bref à une sorte de fatum qui déresponsabilise sa famille et « les habitants du village », mais surtout parce que, dès l’incipit du roman, il attribue ce parti pris et la sélection qu’il implique des personnages et des souvenirs qui en sont attachés, à la « souffrance »31

D’autres chercheuses comme Chadderton ont une vision plus positive de la description que fait Louis de son milieu d’origine. En effet, la description de Louis de la classe sociale dont il est issu est considérée par Chadderton comme une réhabilitation de cette classe sociale32 et selon elle « For Louis, the very inclusion of a world which is not considered “literary” is thus simultaneously an act of literature and a political act (Farsethas 2016).”33 Selon Lanctôt,

en inscrivant son écriture dans un champ de lutte, le transfuge de classe peut tenir un rôle dans un processus d’émancipation collectif. Car s’il faut surmonter la honte en l’expliquant sociologiquement, comme l’avait compris Bourdieu, il faut également refuser que le passage des barrières de classe soit raconté comme une expérience individuelle, légitime, voire « héroïque » dans sa mouture libérale, afin qu’elle devienne plutôt l’occasion de penser l’abolition pour tous et toutes de ces barrières.34

Lenz met en avant le danger d’une possibilité de généralisation de l’histoire individuelle de l’auteur qu’engendre la distanciation rétrospective.35 Celui-ci ne connaissant pas forcément la classe ouvrière par son expérience personnelle, peut utiliser le texte pour établir un discours essentialiste des sociétés parallèles, non pas d’une communauté religieuse ou d’une ethnie, mais d’un milieu.36

Nous pouvons donc constater que différentes formes d’homophobie sont présentes dans En finir avec Eddy Bellegueule. La violence physique, les insultes, mais également des attitudes de rejet par le silence et l’homophobie intériorisée et des formes d’ « homophobie spécifique » comme la lesbophobie y sont omniprésentes et font partie intégrante du milieu social qui est décrit. Ce rapport entre la classe sociale décrite et l’homophobie semble problématique en raison du risque de développer un discours essentialiste sur la classe sociale décrite37, mais peut être justifié par les indications que nous donne l’auteur dans l’incipit du roman38.

Homophobies et classes sociales dans On ne choisit pas qui on aime

Si dans En finir avec Eddy Bellegueule l’homophobie dans le milieu public est décrite en prenant des formes très physiques, dans On ne choisit pas qui on aime l’homophobie se manifeste surtout verbalement. En effet, la première remarque homophobe que l’autrice entend est celle d’une mère qui dit à ses enfants « Ne regardez pas ça, les enfants, c’est dégueulasse, c’est le diable. »39 D’autres remarques homophobes prononcées par des inconnus dans la rue sont : « Hey, les gouines ! »40 et « Vous avez besoin d’un mec peut-être ? »41

Dans cette autobiographie, l’homophobie se manifeste surtout dans le milieu familial, par exemple par la description de sa mère lors de son coming out. En effet, la première réaction de celle-ci est de pleurer et elle est décrite comme étant « tellement déçue »42 et « [l]e regard empli d’une telle tristesse »43. Les phrases suivantes montrent que les stéréotypes jouent un rôle important dans sa perception de l’homosexualité et l’importance qu’a l’opinion de ses proches pour sa perception des choses : « Elle a vu les autres. Elle a vu le regard des autres, la sexualité, les petits-enfants qu’elle n’aurait pas, sa belle-fille lesbienne qu’elle imaginait « camionneuse », différente de notre famille, les reproches de ses parents, les regards en coin des gens… ».44 La mère ne prend pas les sentiments que sa fille a pour Aurore au sérieux.45 Marie-Clémence Bordet-Nicaise décrit également la manière dont l’histoire d’un autre couple de femmes dans sa famille lui a été présentée comme une « déception hétérosexuelle »46 ce qui indique la présence d’une hiérarchie entre l’amour hétérosexuel et l’amour homosexuel. L’homosexualité est certes tolérée, mais présentée comme inférieure à l’hétérosexualité et comme quelque chose dont il ne faut pas parler.

Les réactions du reste de la famille sont très différentes les unes des autres. Souvent, l’homophobie se manifeste de manière cachée, comme le montrent les phrases « Ce n’est pas grave, il n’y a rien de dramatique…mais je n’aimerais pas que cela arrive à un de mes enfants ! ».47 La narratrice ressent une injustice qu’elle décrit de la manière suivante : « Comme si ma vie amoureuse devait être validée, alors que les autres, on les laissait tranquilles. ».48 D’autres réactions sont plus ouvertement homophobes, comme le message sur Facebook « Triste !!!!!!!!!! »49 que lui envoie une de ses tantes et la remarque « Tu te rends compte du mal que tu fais à ta mère ? »50 de cette même tante lors du mariage de sa cousine. D’autres réactions ne sont pas toujours ouvertement homophobes. Certains membres de sa famille font semblant d’accepter la situation, alors qu’elles « n’aimaient pas cette situation »51 et que « l’homosexualité les met mal à l’aise »52. La réaction d’une cousine est la distanciation et est décrite par les mots « [d]istance, silence et politesse ».53 Il s’agit d’une forme d’homophobie indirecte. Elle n’est pas ouvertement homophobe, cependant sa réaction de distanciation relève d’une homophobie masquée.

Un des amis de Marie-Clémence Bordet-Nicaise a une réaction ouvertement homophobe : « Il a alors développé son idée. Il nous a expliqué qu’il était contre le projet de mariage pour tous, car, même s’il n’avait « rien contre les homosexuels », il était contre l’homoparentalité. ».54 Son raisonnement est décrit par le discours indirect suivant :

Ce qui le gênait dans l’homoparentalité, c’était le côté « contre-nature », c’est-à-dire le fait d’aller contre notre capacité à procréer ou non. Si deux femmes ne sont biologiquement pas capables d’avoir un enfant, alors elles ne doivent pas en avoir. Idem pour les couples hétérosexuels qui sont amenés à adopter.55

Les phrases « Ah mais les homosexuels ne méritent pas la haine ! Je dis simplement qu’il ne faut pas en parler, ils méritent plutôt l’indifférence, comme les animaux. »56 montrent que l’indifférence peut être une forme d’homophobie pire que la haine.

La réaction homophobe des grands-parents lorsqu’ils apprennent que non seulement Marie-Clémence est homosexuelle, mais qu’elle est également mariée à une femme montre que l’homosexualité est considérée par ceux-ci comme un péché et une maladie : « Ton discours est effrayant, ça ne te ressemble pas. Il y a quelque chose qui ne va pas, ce n’est pas normal, il y a quelque chose qui n’est pas fini chez toi. Tu nous fais peur. Ton discours fait peur ! Ce n’est pas normal d’avoir un discours comme celui-là, quel que soit ton âge. ».57 Il s’agit de l’ « homophobie clinique »58 telle qu’elle est décrite par Borrillo et Mecary. L’ « homophobie affective »59 est également présente dans le discours de la grand-mère, car il s’agit d’une « condamnation de l’homosexualité »60. La phrase de la grand-mère « Nous n’approuvons pas du tout ce choix de vie que tu as fait. Que tu aies un choix amoureux, c’est le tien, nous devons l’accepter, mais pas le mariage, c’est contre-nature. »61 montre l’ampleur du rejet.

L’homophobie dont elle est victime provoque un sentiment de culpabilité dont elle tente de se défaire :

Je ne fais pas de mal. Je ne fais pas de mal.

Me répéter sans cesse cette phrase pour ne pas devenir folle. Pour ne pas laisser vivre cette forme d’homophobie ordinaire qui réside en nous. On naît dans une société qui nous fait grandir avec ce sentiment que l’homosexualité est une chose étrange, gênante, dans certains cas on nous dit qu’elle est mauvaise, qu’elle détruit l’entourage. Et même moi, intérieurement, j’ai besoin de me rappeler souvent que je ne suis pas une mauvaise personne. Lutter contre cette culpabilité d’avoir été, au moins dans leur esprit, l’objet des souffrances de mes parents et de mes grands-parents.62

Nous pouvons constater que tout comme Eddy Bellegueule, Marie-Clémence Bordet-Nicaise souffre de l’homophobie de la société qui provoque une forme d’homophobie intériorisée.

Le passage suivant montre que lors de l’adoption, les couples homosexuels sont selon elle toujours défavorisés et dénonce cette discrimination : « Mais je savais aussi que, si mon corps le permettait, je souhaitais vivre l’expérience d’une grossesse, et si la loi nous permettait d’adopter, nous connaissions la réalité. Notre dossier de couple homosexuel croupirait en bas de la pile. ».63 Marie-Clémence a l’impression d’appartenir à une minorité lorsqu’elle se renseigne sur la procédure de Procréation médicalement assistée.64 Elle dénonce que d’y avoir recours était illégal en 2018 par la phrase « J’étais tellement reconnaissante et en même temps je trouvais cela fou d’avoir l’impression de faire quelque chose dans l’illégalité la plus complète alors qu’il s’agissait d’un désir naturel et sincère. »65 et dénonce le fait que dans les couples homosexuels, le parent qui n’a pas mis au monde ait à adopter l’enfant après sa naissance et qu’il s’agisse d’une « longue procédure » qui n’est possible que six mois après la naissance de l’enfant et dure plusieurs mois.66 Sa critique porte également sur les problèmes légaux de reconnaissance de l’enfant que provoque cette instabilité et que sa fille soit considérée par la société comme une enfant orpheline à laquelle il manquerait un parent.67

Le milieu social décrit dans le roman autobiographique On ne choisit pas qui on aime est un tout autre milieu que dans En finir avec Eddy Bellegueule. En effet, ce milieu est décrit dans les premières phrases du roman où la narratrice se présente :

Je m’appelle Marie-Clémence. Je suis née en 1987 dans une famille unie, aimante, plutôt aisée : une « bonne famille », comme on dit. J’ai reçu une éducation simple, chrétienne, au sein d’une fratrie de quatre enfants, un grand frère et deux petites sœurs. Mes parents sont issus de familles bourguignonnes, catholiques et bourgeoises.68

Pour Marie Clémence Bordet-Nicaise, le milieu social a une influence sur la façon de penser et l’homophobie serait donc liée au milieu social dans lequel on se trouve :

Je crois énormément que l’homophobie naît en certaines personnes à cause du milieu social dans lequel elles naissent. Quand on naît dans une famille bourgeoise, catholique pratiquante, et que l’on ne fréquente, même à l’âge adulte, que des couples hétérosexuels, de droite, catholiques, ultra-conservateurs, on ne peut pas recevoir l’homosexualité comme une chose bonne ou naturelle. Si le parcours de vie n’amène jamais à être confronté à des vies différentes des nôtres, il faut avoir, de nature, une ouverture d’esprit très forte pour accepter facilement tout cela.69

En effet, ce seraient les représentations de l’homosexualité depuis l’enfance qui seraient responsables de l’homophobie :

Car comment est-on « confronté » à l’homosexualité au quotidien ? Moi-même depuis l’enfance, les seuls repères, les seules « images » que j’en avais étaient les suivantes : cette tante, déçue par un homme, en couple avec une femme, la Gay Pride qui était représentée dans les médias comme une caricature vulgaire, dépravée et antireligieuse (évidemment je n’entendais pas du bien des hommes déguisés en bonne sœur en train de se rouler des pelles sur un char), et des faits divers à la télévision de pédophilie ou d’homosexualité qui avaient viré au trash.70

Pour elle, l’homophobie serait la « peur de l’homosexualité »71. Elle peut donc comprendre la réaction de personnes qui ne connaissent pas l’homosexualité et décrit trois possibilités de réactions face à l’homosexualité : « on la fuit comme une maladie contagieuse, on l’attaque comme un ennemi, ou on l’accepte et on réalise qu’elle n’a rien de dangereux. »72

La « Manif pour tous » est décrite comme étant « d’une violence inouïe »73 et est dénoncée par Marie-Clémence comme le montre la phrase « Et surtout, j’ai découvert comme beaucoup d’autres je pense, une certaine « catégorie » de Français jusque-là silencieuse, qui a cru subitement être élue pour mener un combat qui ne la concernait pas. ».74 Ce qui fait le plus de peine à Marie-Clémence est le fait de savoir que des personnes de sa famille sont allées manifester contre le mariage pour tous.75 Les phrases « Nous étions désormais un couple homosexuel à qui ces gens souhaitaient refuser le droit d’être un couple normal. Un couple homosexuel qui avait le droit de s’aimer mais sans le montrer. »76 montrent qu’il s’agit de l’ « homophobie libérale »77 telle qu’elle est décrite par Borrillo et Mecary. En effet, l’homosexualité est présentée comme étant un choix de vie privée qui ne doit pas être reconnue socialement au même titre que l’hétérosexualité et qui n’amène pas à la reconnaissance de droits égaux de ceux des personnes hétérosexuelles.

Marie-Clémence peut comprendre les motifs des personnes qui manifestent :

Je sais pourquoi ils sont allés manifester : dans cette éducation bourgeoise catholique, on vous apprend à aimer mais on vous apprend autant à juger. Pour aimer bien, il faut savoir distinguer ce qui est bon et ce qui ne l’est pas. Le bien et le mal. Et au lieu de propager le bien, ils sont allés combattre ce qu’ils considèrent comme le mal.78

L’autrice critique l’attitude de l’Église catholique en France et explique sa décision de rompre avec l’Église en tant qu’institution en raison du rôle qu’elle a joué dans la Manif pour tous.79

Des formes d’homophobie et d’hétérosexisme décrites par Marie-Clémence Bordet-Nicaise sont donc le rejet, les insultes, les manifestations contre le « Mariage pour tous », la non-acceptation de sa relation et le silence sur son homosexualité, mais également les discriminations légales qui touchent les personnes homosexuelles qui veulent fonder une famille. Nous pouvons constater que les personnes ayant une attitude homophobe avancent souvent des arguments religieux.

Comparaison de la description des homophobies dans En finir avec Eddy Bellegueule et On ne choisit pas qui on aime

Dans le roman autobiographique En finir avec Eddy Bellegueule et l’autobiographie On ne choisit pas qui on aime qui relate une partie de la vie de l’autrice, différentes formes homophobie sont décrites. Dans En finir avec Eddy Bellegueule la violence physique joue un rôle important. Celle-ci n’est cependant pas décrite dans On ne choisit pas qui on aime, où la non-acceptation de la relation amoureuse de l’autrice, les discriminations légales et les discours homophobes et hétérosexistes sont des formes d’homophobie récurrentes. Les attitudes de rejet par le silence et les insultes sont présentes dans les deux œuvres.

Le sentiment de culpabilité généré par l’homophobie est décrit dans les deux récits. La religion joue un rôle important dans On ne choisit pas qui on aime, alors qu’elle n’est jamais évoquée dans En finir avec Eddy Bellegueule. Le fait de correspondre ou non à des stéréotypes de genre, auquel l’homophobie dans En finir avec Eddy Bellegueule est lié, joue un rôle beaucoup moins important dans On ne choisit pas qui on aime. Les personnes ayant une attitude homophobe dans En finir avec Eddy Bellegueule n’ont aucune preuve de l’homosexualité, contrairement aux personnes décrites dans On ne choisit pas qui on aime. En effet, l’autrice montre ouvertement qu’elle est en couple avec une femme cisgenre, contrairement à Eddy Bellegueule dont l’homosexualité n’est que devinée par son entourage.

Conclusion

Dans En finir avec Eddy Bellegueule et On ne choisit pas qui on aime, le milieu social et l’éducation sont présentés comme étant des facteurs qui créent chez les individus et en particulier chez les parents une prédisposition à avoir une attitude homophobe. L’homophobie serait donc le fruit d’un déterminisme social, que ce soit un milieu social aisé comme dans On ne choisit pas qui on aime ou défavorisé comme dans En finir avec Eddy Bellegueule. Dans En finir avec Eddy Bellegueule, des analepses sont présentes pour décrire la vie de différents membres de la famille et leurs difficultés financières. Le milieu social et la vie des différents membres de la famille y sont décrits avec beaucoup plus de détails que dans On ne choisit pas qui on aime. En effet, dans cette autobiographie, l’autrice suppose que la lectrice/le lecteur connait déjà le milieu en question et la phrase « Mes parents sont issus de familles bourguignonnes, catholiques et bourgeoises »80 présuppose déjà une connaissance du milieu social. Cette disparité peut être expliquée par une méconnaissance du milieu social dans lequel vit Eddy Bellegueule, ce que le narrateur souligne lors d’une interview.81 Comme le déterminisme social semble intervenir pour l’homophobie dans différents milieux sociaux selon Édouard Louis et Marie-Clémence Bordet-Nicaise, on pourrait se poser la question de savoir quel est le milieu social idéal non homophobe selon cet auteur et cette autrice. La fin du roman En finir avec Eddy Bellegueule nous amène à supposer que l’homophobie serait moins présente dans le milieu social plus favorisé du lycée qu’il décrit. Morel écrit à ce sujet : « Son parcours subjectif le conduit donc à s’évader de sa prison hors-monde (d’exclu du masculin) pour intégrer un univers où le masculin aura changé de sens. De ce fait sa sexualité, qui ne semble pas avoir réellement bougé, deviendra acceptable dans le nouveau contexte d’un lycée chic et bourgeois. ».82 En effet, le passage suivant montre que la définition de la virilité est différente, et comme le sexisme et l’homophobie sont liés, on pourrait supposer que l’homophobie est moins présente dans le milieu ou qu’elle se manifeste différemment :

Je découvre –
quelque chose dont je m’étais déjà douté,
qui m’avait traversé l’esprit.
Ici les garçons s’embrassent pour se dire bonjour,
ils ne se serrent pas la main
Ils portent des sacs de cuir
Ils ont des façons délicates
Tous auraient pu être traités de pédés au collège
Les bourgeois n’ont pas les mêmes usages de leur corps
Ils ne définissent pas la virilité comme mon père, comme les hommes de l’usine
(ce sera bien plus visible à l’École normale, ces corps féminins de la bourgeoisie intellectuelle)83

Cependant, la fin du roman nous indique que l’homophobie est également présente dans ce nouveau milieu, comme le montre le passage « Nous sommes dans le couloir, devant la porte cent dix-sept, à attendre l’enseignante, Mme. Cotinet. Quelqu’un arrive, Tristan. Il m’interpelle Alors Eddy, toujours aussi pédé ? Les autres rient. Moi aussi. ».84 Johannessen et Kolderup interprètent ce passage de la manière suivante :

Les mots finals nous font penser que le narrateur est vraiment libéré. Celui-ci montre que même après la fuite d’un autre milieu, il n’a pas réussi de fuir le mot « pédé ». Il rit avec eux, comme il est soumis à la nouvelle culture au lycée. Il fait comme le roseau dans la fameuse fable de La Fontaine « Je plie, je ne romps pas » (2011, p. 33). Cela montre l’effet d’une force dominante, il faut se soumettre quelque fois pour survivre.85

De plus, la prolepse

Plus tard je comprendrai que, ailleurs, une femme accomplie est une femme qui s’occupe d’elle-même, de sa carrière, qui ne fait pas d’enfants trop vite, trop jeune. Elle a même le droit d’être lesbienne le temps de l’adolescence, pas trop longtemps mais quelques semaines, quelques jours, simplement pour s’amuser.86

montre que dans des milieux sociaux plus aisés, l’homosexualité féminine est tolérée si elle ne met pas en péril le rôle de mère et d’épouse de la femme. Pour que celle-ci soit considérée comme étant inoffensive, il faut qu’elle soit limitée dans le temps. Il ne s’agit donc pas d’une réelle acceptation et l’homosexualité féminine qui n’est pas considérée comme étant une orientation sexuelle à part entière au même titre que l’hétérosexualité, mais plutôt comme un passage toléré à condition que la femme remplisse ensuite son rôle de mère et d’épouse dans une relation hétérosexuelle. Ces passages nous suggèrent que l’homophobie, telle qu’elle est décrite dans En finir avec Eddy Bellegueule et On ne choisit pas qui on aime, ne semble pas plus présente dans une classe sociale que dans une autre, mais qu’elle se manifeste différemment selon le milieu social, d’où l’importance d’utiliser le pluriel afin de prendre en compte la pluralité des formes d’homophobie existantes.

Bibliographie

Littérature primaire

Bordet-Nicaise, Marie-Clémence. On ne choisit pas qui on aime. Paris : Flammarion 2019.

Louis, Édouard. En finir avec Eddy Bellegueule. Paris : Éditions du Seuil 2014.

Littérature secondaire

Borrillo, Daniel & Mecary, Caroline. L’homophobie. Paris : Presses Universitaires de France/Humensis 2019.

Chadderton, Helena. ‘Am I not an Author?’ Social class and the contemporary French novel. Modern & Contemporary France, Vol.27(3), 03/07/2019, pp. 281-294.

Johannessen, Christina & Kolderup, Trude. L’éloignement qui rapproche. Une étude du roman En finir avec Eddy Bellegueule (2014) d ‘ Édouard Louis. NTNU 2017.

Lanctôt, Aurélie. Ecrire la honte : l’auteur d’Eddy Bellegueule, accompagné par les écrits de Bourdieu, réfléchit à ce que signifie trahir sa classe. Collectif Liberte Inc : Liberté, 2017, Issue 314, pp. 55-56.

Lenz, Markus. ‚Parallelgesellschaft‘ der Retrospektive oder Klassenbewusstsein des Außenseiters? Didier Eribons ‚Retour à Reims‘ und Édouard Louis’ ‚En finir avec Eddy Bellegueule‘. Romanische Studien, 01/06/2019, pp. 163-177.

Louis, Édouard. En finir avec Eddy Bellegueule. Interview. Librairie mollat 03.01.2014, 00:05:00 – 00:06:02. URL : https://www.youtube.com/watch?v=RsJznxDpCLA [22.05.2020].

Mauger, Gérard. Un cas de conversion : À propos de Édouard Louis, En finir avec Eddy Bellegueule. Savoir/Agir, 2014, Vol.30(4), pp.121-126.

Morel, Geneviève. Un autre genre. À propos d’En finir avec Eddy Bellegueule d’Édouard Louis. Savoirs et clinique, Vol.18(1) 2015, pp.77-83.

Notes

1 Cf. Louis, Édouard. En finir avec Eddy Bellegueule. Interview. Librairie mollat 03.01.2014, 00:05:00 – 00:06:02. URL : https://www.youtube.com/watch?v=RsJznxDpCLA [22.05.2020].

2 Louis, Édouard. En finir avec Eddy Bellegueule. Paris : Éditions du Seuil 2014, p. 16-17.

3 Ibid., p. 15-16.

4 Borrillo, Daniel & Mecary, Caroline. L’homophobie. Paris : Presses Universitaires de France/Humensis 2019, p. 15.

5 Louis. En finir avec Eddy Bellegueule, p. 15.

6 Ibid., p. 139.

7 Cf. Ibid., p. 108.

8 Cf. Ibid., p. 146.

9 Cf. ibid., p. 114.

10 Ibid., p. 174-175.

11 Cf. ibid., p. 33-34.

12 Ibid., p. 136.

13 Ibid.

14 Ibid., p. 182.

15 Ibid., p. 183.

16 Cf. ibid., p. 35-36.

17 Cf. ibid., p. 138.

18 Cf. ibid., p. 48-49.

19 Ibid., p. 49.

20 Ibid., p. 161.

21 Ibid., p. 98.

22 Cf. ibid., p. 45.

23 Cf. ibid., p. 55-56.

24 Ibid.

25 Borrillo & Mecary. L’homophobie, p. 20.

26 Cf. ibid., p. 20.

27 Cf. ibid.

28 Louis. En finir avec Eddy Bellegueule, p. 107-108.

29 Ibid., p. 64.

30 Mauger, Gérard. Un cas de conversion : À propos de Édouard Louis, En finir avec Eddy Bellegueule. Savoir/Agir, 2014, Vol.30(4), pp.121-126, p. 124.

31 Ibid., p. 125.

32 Cf. Chadderton, Helena. ‘Am I not an Author?’ Social class and the contemporary French novel. Modern & Contemporary France, Vol.27(3), 03/07/2019, pp.281-294, p. 289.

33 Ibid.

34 Lanctôt, Aurélie. Ecrire la honte : l’auteur d’Eddy Bellegueule, accompagné par les écrits de Bourdieu, réfléchit à ce que signifie trahir sa classe. Collectif Liberte Inc : Liberté, 2017, Issue 314, pp. 55-56, p. 56.

35 Cf. Lenz, Markus. ‚Parallelgesellschaft‘ der Retrospektive oder Klassenbewusstsein des Außenseiters? Didier Eribons ‚Retour à Reims‘ und Édouard Louis’ ‚En finir avec Eddy Bellegueule‘. Romanische Studien, 01/06/2019, pp. 163-177, p. 168.

36 Cf. Ibid.

37 Cf. Lenz. ‚Parallelgesellschaft‘ der Retrospektive oder Klassenbewusstsein des Außenseiters? p. 168.

38 Cf. Mauger. Un cas de conversion, p. 125.

39 Bordet-Nicaise, Marie-Clémence. On ne choisit pas qui on aime. Paris : Flammarion 2019, p. 45.

40 Ibid., p. 46.

41 Ibid.

42 Ibid., p. 56.

43 Ibid.

44 Ibid.

45 Cf. ibid., p. 57-58.

46 Ibid., p. 60.

47 Ibid., p. 62.

48 Ibid.

49 Ibid., p. 63.

50 Ibid.

51 Ibid., p. 64.

52 Ibid.

53 Ibid., p. 66.

54 Ibid., p. 92.

55 Ibid., p. 93.

56 Ibid.

57 Ibid., p. 180-181.

58 Borrillo & Mecary. L’homophobie, p. 60.

59 Cf. ibid., p. 15.

60 Ibid.

61 Bordet-Nicaise. On ne choisit pas qui on aime, p. 182.

62 Ibid., p. 191.

63 Ibid., p. 207.

64 Ibid., p. 208-209.

65 Ibid., p. 221.

66 Cf. ibid., p. 254-255.

67 Cf. ibid.

68 Ibid, p. 9.

69 Ibid., p. 60-61.

70 Ibid., p. 61.

71 Ibid.

72 Ibid., p. 61-62.

73 Ibid., p. 98.

74 Ibid

75 Cf. ibid., p. 101.

76 Ibid., p. 100.

77 Cf. Borrillo & Mecary. L’homophobie, p. 71-72.

78 Bordet-Nicaise. On ne choisit pas qui on aime, p. 102.

79 Cf. ibid., p. 104.

80 Ibid., p. 9.

81 Cf. Louis, Édouard. En finir avec Eddy Bellegueule. Interview. Librairie mollat 03.01.2014, 00:01:50 – 00:02:20. URL : https://www.youtube.com/watch?v=RsJznxDpCLA [22.05.2020].

82 Morel, Geneviève. Un autre genre. À propos d’En finir avec Eddy Bellegueule d’Édouard Louis. Savoirs et clinique, Vol.18(1) 2015, pp.77-83, p. 80-81.

83 Louis. En finir avec Eddy Bellegueule, p. 201.

84 Louis. En finir avec Eddy Bellegueule, p. 203-204.

85 Johannessen, Christina & Kolderup, Trude. L’éloignement qui rapproche. Une étude du roman En finir avec Eddy Bellegueule (2014) d ‘ Édouard Louis. NTNU 2017, p. 47.

86 Ibid., p. 56.

_____

Céline Berdaguer

Céline Berdaguer a fait des études de professorat (Lehramt) de français et d’allemand à l’Université de Vienne en Autriche. Pendant ses études, elle a effectué un séjour Erasmus en Martinique. Elle a enseigné en Équateur pendant plusieurs mois dans le cadre d’un projet de volontariat et a également enseigné respectivement un semestre au Cameroun (Douala) et à Cuba (La Havane) où elle a effectué des stages d’enseignement de l’allemand. Actuellement, elle est lectrice d’allemand à l’Université Paris Nanterre dans le cadre d’un accord bilatéral avec l’Autriche. Ses recherches actuelles portent sur la représentation de l’homophobie dans la littérature francophone contemporaine.